Application de la technologie au secteur financier, la fintech suscite un réel engouement. Le marché national se développe, via Paris mais aussi des grandes villes parmi lesquelles Lyon. Celle-ci accueille une cinquantaine d’entreprises fintech qui proposent des services variés.

En Europe, la France se développe

Néologisme qui connaît un essor depuis déjà une douzaine d’années, la fintech se définit comme une utilisation de l’innovation technologique afin de transformer le secteur de la finance. Son objectif repose notamment sur la simplification et la fluidification des divers services qu’englobe le secteur financier : placements, paiements, prêts, gestion d’épargne, financement des entreprises…  Ce modèle est développé par des start-ups et repose sur les technologies numériques, l’intelligence artificielle, l’emploi de dispositifs mobiles, ou encore la blockchain et ses processus de désintermédiation. Catégorisées, les fintechs sont principalement de cinq types : les Insurtech pour l’assurance, les Regtech pour les problématiques de règlements et de conformité, les B-to-C destinées au grand public, les B-to-B pour les entreprises, et les B-to-B-to-C comme les plateformes de financement participatif (crowfunding, crowdlending) à destination des entreprises ou des particuliers. En France, le secteur connaît une évolution significative depuis 2015.

Mi-septembre 2019, l’édition française de Forbes soulignait que notre pays est devenu « une place forte des start-up de la finance », tout en devant parcourir encore un long chemin pour envisager d’y concurrencer les États-Unis et la Chine. En 2018, 72 fintech françaises avaient bénéficié des financements d’investisseurs pour un montant total de 365 millions d’euros, soit un montant atteint au seul premier semestre 2019. L’année devrait se conclure avec un total situé autour de 600 millions d’euros. Par rapport à 2018, selon le panorama 2019 de France Fintech, le nombre d’entreprises du secteur a augmenté de 27% et se répartissait en janvier de cette année comme suit : assurtech 12%, services de financement 44%, services de paiement 19%, banking – pfm (personal financial management) 9%, regtech 16%. En outre, si Paris reste le centre privilégié des activités financières, Alain Clot, président de l’organisation, précise que « la croissance du marché est plus rapide en région », comme l’illustre par exemple Lyon.

En France, Lyon se renforce

Le B612, plateforme d’incubation / accélération domiciliée à Lyon Confluence et Grenoble et dédiée aux start-up de la fintech, évalue à une cinquantaine le nombre de ces dernières – fintech et insurtech combinées – dans l’écosystème lyonnais. Centrée sur le développement d’un logiciel comptable pour les professions libérales, Georges Tech y a obtenu la levée de fonds la plus importante, avec 10 millions d’euros en juin 2019. La reconnaissance régionale s’est par ailleurs concrétisée cette année au travers du partenariat du B612 avec le pôle de compétitivité Finance Innovation. Ce dernier a ainsi labellisé en mai 2019 deux fintechs lyonnaises : AboutGoods Company (extraction de données de tickets de caisse pour comprendre les comportements de consommation) et Gryzzly (assistant intelligent pour équipes projets qui permet aux managers de suivre la rentabilité de chaque dossier et d’alerter en cas de dépassement de budget).

À l’image du reste du secteur, les start-up fintech lyonnaises intègrent des services variés. Mon Petit Placement travaille à rendre abordable au grand public les mécanismes pour placer son argent en bourse. Conformitee propose aux entreprises de donner accès à ses documents uniques à plusieurs banques sans avoir à reproduire le procédé à chaque fois. SIS id fournit une solution au moyen de la blockchain pour sécuriser les transactions entre les entreprises. Pour Cédric Nieutin, directeur du B612, la région lyonnaise est amenée à prendre de l’ampleur dans la fintech, entre autres grâce à l’arrivée progressive de fonds d’investissement et à l’accompagnement des banques. Nieutin espère ainsi que la ville disposera sous peu d’une licorne (une start-up valorisée à plus d’un milliard de dollars). Pour la France dans son ensemble, le gouvernement se place dans les mêmes perspectives de développement du secteur : il entend faire émerger cinq licornes fintech à horizon 2025.